A LA UNE

Yéli Monique KAM
Coordinatrice du Mouvement M30 NAABA WOBGO
Conférence de presse du vendredi, 13 janvier 2023

1. Proposition d’amélioration de la communication gouvernementale
Il est à déplorer un déficit de communication de la part des membres du gouvernement. Le peuple mobilisé a droit à l’information et à la transparence des actions.
La mobilisation populaire a besoin d’être maintenue, bien sûr par les résultats, mais aussi par une bonne communication.
Les questions nationales surtout celles qui suscitent l’émoi des populations, pour un régime transitionnel, dit insurrectionnel, devraient être mieux gérées par des communications publiques précises et claires, telles que la pénurie de carburant, le drame de Nouna et ses corollaires de victimisation.
Les questions de suspension de contrôles documentaires et celle du prélèvement de 1% de tous les salaires, ont été des décisions vraiment prises sans une analyse profonde des enjeux ; ce qui suscite des interrogations. Une note administrative peut-elle suspendre une loi soumise au contrôle et à la répression ? Cette note de suspension des contrôles documentaires est sensée être une violation de l’obligation d’assurance, l’obligation de visite technique et l’obligation immatriculation des Véhicules Terrestres à Moteur (VTM) et l’obligation de Permis de conduire de ces VTM. Il est regrettable de violer les lois de la république garantissant la sécurité des usagers de la route pour résoudre un problème de gestion administrative, peut-être sécuritaire également.
Nous avons constaté que la décision de prélèvement de 1% sur les salaires a précédé au Dialogue social. Pourquoi ?
Nous appelons donc les autorités de la transition à être attentif à la souffrance des ménages qui subissent l’inflation des prix des produits de grande consommation.
Nous déplorons enfin le faible engagement des membres du gouvernement sur la voie de rupture empruntée par le Capitaine Ibrahim TRAORE, Président de la transition. La preuve de ce constat, c’est le maintien des coopérants, assistants et experts techniques français et européens dans les États-majors de notre armée nationale, dans les départements ministériels de la justice, la santé, ministère, les finances (douanes, impôts), l’éducation…. Nous ne cesserons de dénoncer leur présence, leur ingérence dans nos affaires publiques. On ne peut combattre un ennemi en le maintenant en veille dans tous les secteurs stratégiques de notre souveraineté.
Il y a beaucoup de chantiers à défricher qui nécessitent plus d’engagement du Premier Ministre et des membres du gouvernement. Le Président de la transition ne peut pas tout faire. Pourtant, tout régime d’exception comme la transition est une excellente opportunité de Refondation de l’Etat pour poser les bases d’un nouveau départ.
En guise de contributions constructives, nous formulons dix (10) propositions d’amélioration du bilan et du processus de la transition
2. L’apprentissage aux Métiers en Situation d’Urgence. Cela passera par l’école professionnelle que toutes les sociétés d’Etat devront créer comme passerelle de l’enseignement général en attendant une véritable Refonte de notre système éducatif. Sur les vingt-une (21) sociétés d’Etat, l’Etat aura créer en une année, vingt-une (21) écoles professionnelles dans les sociétés d’Etat devant former un vivier de compétences employables et d’entrepreneurs en herbe.
Autant en politique, un renouvellement générationnel est requis, autant les acteurs économiques revendiquent à l’Etat de faire émerger une nouvelle classe d’hommes et de femmes d’affaires, de fournisseurs et prestataires dans tous les secteurs d’activités.
3. La Refonte de notre Système éducatif : Il faut réinventer une Ecole burkinabè, endogène, agricole et citoyenne. Nous, le Mouvement M30 NAABA WOBGO, assignons au capitaine Ibrahim TRAORE, le devoir de nous laisser un livre blanc de la nouvelle école qu’il faut au Burkina Faso qui réinvente la formation des enseignants, les curriculums, l’introduction de l’agronomie à l’école primaire selon le concept une école, un périmètre agricole, une société éduquée dans une environnement sain grâce à une hygiène publique rigidement règlementée par une réduction des débits de boissons et maisons de passe.
Pour l’Ecole nouvelle, il faut réinventer le mode de financement. Dans le contrat social à adopter à l’issue du Dialogue National, l’Ecole sera inscrite en URGENCE NATIONALE à imposer au prochain dirigeant.
4. L’architecture ou la Technostructure de l’Etat fluctuante et la pléthore de démembrements budgétivores et politiciens (conseils nationaux, secrétariats permanents, institutions, conseils présidentiels, engagements nationaux, commissions nationales, …) favorisent le laxisme, la prévarication et la prédation des fonctionnaires. Le conflit entre la Déconcentration et la Décentralisation ajouté à la lourdeur de Technostructure de l’Etat burkinabè sont de véritables freins au succès des politiques publiques d’une part et sont des barrières au développement du secteur privé d’autre part. Le retard de l’Afrique provient de l’architecture de l’appareil d’Etat décalquée, lourde et ambiguë. Il faut réinventer l’Etat et la Décentralisation.

5. La police économique existe-elle au Burkina Faso ? En tout cas, elle ne travaille pas pour l’assainissement et la promotion du secteur économique du Burkina Faso.

6. L’insoutenabilité des salaires par le budget national recommande de corriger les inégalités salariales dans la fonction publique du Burkina Faso. Ce sujet qui a secoué le régime constitutionnel déchu sera différé jusqu’à quand lorsque le Mali vient de réaliser avec succès la mise à plat des grilles salariales de ses fonctionnaires.
Nous espérons que la remise à plat des salaires sera effective au Burkina Faso sous ce régime de transition, comme au Mali, avec la refonte des décrets sur les traitements salariaux et indemnitaires notamment le Décret 2012-720/PRES/PM/MEF portant Rétributions des prestations spécifiques des agents des administrations publiques au Burkina Faso ; le Décret 2012-734/PRES/PM/MEF portant Indemnité de mission des agents des établissements publics de l’Etat ; et le Décret 2012-735/PRRES/PM/MEF portant indemnité de mission à l’intérieur du pays applicable aux agents publics de l’État y compris les indemnités de participation des ministres aux conseils de ministres.
Au titre de l’effort de guerre, il est fortement recommandé qu’il soit mis fin à la prolongation des traitements salariaux des hautes personnalités (ministres, présidents d’institutions) après leur cessation de fonction. A défaut, il faut ramener la prolongation de trois (3) mois au lieu de 6 mois.
7. Le besoin de diversification des fournisseurs des équipements militaires : Un constat douloureux mais nécessaire est le gonflement de la ligne budgétaire (28%) Défense et Sécurité allouée à l’achat des matériels et équipements militaires ; la guerre engloutissant une bonne partie des recettes de l’Etat au détriment des secteurs sociaux. Sauf que, à l’issue des appels d’offres, il est regrettable de constater le quasi-monopole et l’enrichissement des fournisseurs retenus dont la plupart sont les mêmes fournisseurs et prestataires de l’Armée nationale depuis plus de 20 ans.
A quand la diversification des fournisseurs locaux de l’Armée nationale ?
8. La bonne gouvernance des concessions économiques : Un constat Nous ne pouvons pas ne pas évoquer la mauvaise gestion de certaines concessions économiques de l’Etat burkinabè telles de la société ONATEL-SA confiée à MOOV AFRICA, nos cinq (5) stations de pesage confiées à AFRIQUE PESAGE, la société RAN confiée à SITARAIL/Bolloré, la SNTB confiée à Bolloré, le QUASI-MONOPOLE ET MAINMISE DE BOLLORE sur le transport et logistique de notre pays, …
Nous salons la suspension de la concession avec la multinationale française MERIDIAM sur l’Aéroport de Donsin.
Il n’est pas besoin de rappeler que la gouvernance des concessions économiques de l’Etat burkinabè n’est que le reflet de la mal gouvernance de certains de nos dirigeants. C’est pourquoi, nous appelons à la bonne gouvernance économique en prenant pour REFERENTIEL les quatre (4) dispositifs de l’ITIE-Burkina Faso, à savoir que l’Etat doit exiger à toutes les entreprises les données annuelles suivantes soumises aux contrôles :
a. Publiez ce que vous payez à l’Etat du Burkina.
b. Publiez les emplois directs que vous créez.
c. Publiez ce que vous achetez auprès des entreprises locales.
d. Publiez la liste des mandataires et actionnaires de toute entreprise.
Enfin, il est impératif de procéder à l’audit et l’évaluation annuelle de toutes les concessions économiques pour vérifier le respect des cahiers de charges en vue de l’optimisation des contrats, à défaut leur résiliation.
Nous interpellons la Police Économique et le Tribunal du Commerce à s’autosaisir de tous les litiges nés de la gestion chaotiques des concessions de notre pays.
A l’issue des procédures judiciaires, nous souhaitons que les concessions en difficultés soient placées sous Administration provisoire dans l’intervalle d’une Transformation.
Dans le cadre de la Refondation, il faut donc à inscrire la Relecture de l’ensemble de nos codes et textes qui régissent le secteur PRODUCTIF de notre pays.
9. Les Mesures d’assouplissements économiques au titre du ministère de l’économie et des finances : les populations qui consentent à l’effort de guerre expriment en ce moment trois (3) types de besoins :

a. d’informations sur la situation financière de notre pays : l’état de la dette intérieure et un plan d’apurement de cette dette, les données statistiques de la balance commerciale, les exonérations de carburant, les créances de l’Etat, …
b. Des mesures politiques d’assouplissement de l’économie. Nous implorons les autorités à prendre des décisions d’accompagnement des acteurs économiques. C’est pourquoi, nous proposons des mesures d’exonérations pour soutenir les masses populaires qui exercent essentiellement dans les secteurs informels et les PME pourtant frappés durement depuis 2020 par la double crise sanitaire et sécuritaire. Nous suggérons des Mesures de politiques économiques d’exonération par palier selon la Charte des PME :
– Pour les microentreprises : une exonération des taxes et frais d’importations de marchandises pendant 60 jours pour les microentreprises dont le chiffre d’affaires hors taxes est inférieur ou égale à 15.000.000 F CFA.
– Pour les petites entreprises : une exonération des taxes et frais d’importations de marchandises pendant 45 jours pour les petites entreprises dont le chiffre d’affaires hors taxes est supérieur à 15.000.000 F CFA et inférieur ou égal à 50.000.000 F CFA.
– Pour les moyennes entreprises : une exonération des taxes et frais d’importations de marchandises pendant 30 jours pour les moyennes entreprises dont le chiffre d’affaires hors taxes est supérieur à 50.000.000 et inférieur ou égal à 1.000.000.000 F CFA.
c. Il faut lutter contre l’inflation des prix des produits alimentaires et soutenir le pouvoir d’achat des ménages par des Mesures économiques d’accompagnement des gros importateurs de denrées alimentaires en redéfinissant la liste des produits de grandes consommations à exclure du Programme de Vérification des Importations (PVI) et EXONÉRER du système SYLVIE/SOGESYS à l’instar des Mesures à succès de 2011 à 2014 par la Convention n°2011-00002/MEF/SG/DGB du 07 octobre 2011 relative au Programme de Vérification des Importations (PVI) et les Avenants suivants notamment l’Avenant n°2014-001/MEF/SG/DGB du 27 août 2014.
L’économie est le Déterminant de la Souveraineté nationale. Comme Thomas Sankara, père révolutionnaire, nous appelons les Ministres à faire sien l’engagement de rupture pour « Oser lutter, savoir vaincre. Vous ne pouvez pas accomplir des changements fondamentaux sans une certaine dose de folie. Dans ce cas précis, cela vient de l’anticonformisme, du courage de tourner le dos aux vieilles formules, du courage d’inventer le futur. Il a fallu les fous d’hier pour que nous soyons capables d’agir avec une extrême clarté aujourd’hui. Je veux être un de ces fous. Nous devons inventer le futur.»
10. Le mécanisme de financement endogène durable : Il faut mener des réflexions pour poser les bases de l’émancipation économique de notre pays. Il faudrait oser inventer des modèles de financement endogènes de notre économie basés sur l’épargne populaire, les fonds dormants, dépôts séquestres et consignations. C’est pourquoi, la Caisse de Dépôts et Consignations (CDS) si elle est bien gouvernée, s’affiche comme un moyen endogène de conquérir l’autonomie de notre économie vis-à-vis du marché financier mondial afin de permettre l’investissement structurant (énergie, routes, internet,..) et les leviers du secteur privé. Il faut oser la diversification des partenaires économiques du Burkina Faso à travers le régime de troc de nos produits non périssables (Or, Coton et Autres) pour contrer les effets pervers du Régime de change en devises étrangères.
Le nationalisme devra faire progresser la consommation locale. Les concessions léonines devront laisser la place à des modèles économiques plus rentables greffés à de petites et moyennes exploitations pour créer plus recettes, d’emplois décents et de produits finis exportables.
11. Le plan agricole de saison sèche lancé en conseil de ministres : Où en sommes-nous ? Combien de PDI sont employés par les bassins agricoles grâce à ce plan agricole ?

12. Les Secteurs Miniers, Fonciers, de la construction et de l’habitat sont des scandales explosifs où malheureusement presque tous nos dirigeants successifs ont été trempés et n’ont pas pu assainir ces secteurs. Nous faisons appel au patriotisme et à l’intégrité de nos nouvelles autorités de la transition afin que les décisions à prendre dans ces secteurs servent l’intérêt général.

13. Le Redécoupage territoriale est une question de justice sociale. La transition actuelle est une grande opportunité, sans égale, de corriger le déséquilibre régional. Nous appelons nos nouvelles autorités à accélérer sa mise en œuvre pour l’intérêt collectif, sans calcul politique, car le pouvoir actuel n’est pas sensé obéir aux chapelles politiques.

14. Le Dialogue National Inclusif : Nous soutenons l’initiative annoncée par le Président de la transition d’ouvrir prochainement une Dialogue National Inclusif devant conduire à l’élaboration du CONTRAT SOCIAL DE LA REFONDATION DE L’EAT DU NOUVEAU BURKINA y compris sur les questions politiques. Ce dialogue inclusif doit préparer la transition intergénérationnelle
Conclusion
Pour paraphraser Thomas Sankara : « Le plus important, c’est que les masses populaires ont confiance en elles-mêmes, au point de comprendre que, finalement, elles peuvent s’asseoir et écrire leur développement ; elles peuvent s’asseoir et écrire leur autonomie, leur bonheur, se choisir leurs dirigeants ; elles peuvent dire ce qu’elles désirent aux dirigeants devenus le reflet du peuple. Et c’est pourquoi, les masses populaires sont prêtes à payer le prix de leur libération du joug de l’impérialisme.»
« Oser lutter, savoir vaincre.»
Nous nous érigeons en sentinelles comme des défenseurs invétérés de la transition sous le Capitaine Ibrahim TRAORE jusqu’à la gare de notre libération totale entamée par nous et à poursuivre par les générations futures.
TOUS UNIS, NOUS SAUVERONS LE BURKINA FASO !
SENSIBILISONS ET INCITONS A DEPOSER LES ARMES !
QUE DIEU BENISSE LE BURKINA FASO !
VIVE LE BURKINA FASO !
NOTRE SOUVERAINETE NATIONALE EST IRREVERSIBLE, IRRESISTIBLE ET NON NEGOCIABLE !
LA PATRIE OU LA MORT, NOUS VAINCRONS !
Yéli Monique KAM

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